NOUS SOMMES APPELES A VOTER !
Dans la conception chrétienne qui est la nôtre, voter est non seulement une liberté, mais un devoir. Avec même une obligation : celle de voter en conscience, de façon réfléchie et responsable. Une obligation à laquelle personne ne peut se dérober. Avec une double exigence : s’informer le mieux possible (et résistant aux effets de mode ou à la pression des médias) ; choisir le candidat le plus apte à servir l’intérêt général.
Y a-t-il un vote « catholique » ?
Fini le temps où les chrétiens attendaient des consignes de leur curé pour « bien voter ». Aucun candidat ne peut se parer du label « catholique ». Mais nous devons rester vigilants car certains voudraient bien capter le vote des catholiques. Alors, gare aux loups déguisés en agneaux ! Résistons à ceux qui savent si bien manipuler l’opinion publique. La confiance se mérite
Il nous est souvent difficile de nous repérer dans les programmes et d’écouter jusqu’au bout les discours des candidats. Mais c’est pourtant ce qu’il faudrait faire. Pour ne pas nous contenter des petites phrases, ou des slogans. Pour ne pas réagir uniquement « à l’affectif » ou à partir du « look » des candidats.
On devrait pouvoir les questionner, leur demander de s’expliquer sur leurs programmes, au-delà des affaires qui sont comme un écran de fumée pour éviter de parler de l’essentiel.
Que disent nos évêques ?
Depuis un an, les évêques de France nous avaient alertés. Ils notaient le profond découragement de nombre de nos concitoyens. Ils craignaient de les voir s’abstenir ou exprimer leur colère par des votes extrêmes, avec le risque de porter au pouvoir des candidats dont les programmes sont vraiment dangereux pour l’avenir de notre pays.
- Dès l’été 2016, ils nous avaient adressé une lettre pour nous redire les enjeux de ces élections. Sans donner de réponses toutes faites ! Mais au nom de l’évangile, ils voulaient nous stimuler : que nous ne renoncions pas à nous engager pour l’avenir, que nous ne cédions pas à la tentation du fatalisme ! Ils concluaient en disant : « Pour celles et ceux qui croient en Dieu et qui vivent dans la communion au Christ, les difficultés que nous rencontrons ne sont pas un appel au renoncement. Au contraire, elles nous appellent à investir toutes nos capacités pour construire une société plus juste et plus respectueuse de chacun. Cela s’appelle l’espérance. »
- Quelques mois après, le Conseil permanent de l’épiscopat français a prolongé cette réflexion sous la forme d’un petit livret, destiné à l’échange et à la réflexion en groupe. Là encore, ce n’est pas un recueil de réponses toutes prêtes. Le livret est intitulé : « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique » (Editions Bayard – Cerf – Mame – Prix 4 €).
Dans l’introduction, les auteurs s’expliquent sur leur projet : « Si nous parlons aujourd’hui, c’est parce que nous aimons notre pays et que nous sommes préoccupés… Nous parlons non pour alimenter la morosité, mais pour apporter notre pierre au débat que notre pays se doit d’avoir… Nous sentons que le vivre ensemble est fragilisé. Nous ne pouvons laisser notre pays voir ce qui le fonde risquer de s’abîmer gravement ».
A la suite de cette introduction, ils proposent dix thèmes d’échange et de réflexion. Ces thèmes n’escamotent pas les grands questions de notre temps, tels par exemple l’accueil des migrants et l’avenir de notre planète. Ils posent des questions de fond : par ces élections, chercherons-nous à faire que chaque personne ait sa place dans une société solidaire, faite pour tous, et particulièrement pour les plus vulnérables ? Chercherons-nous à dessiner cet avenir avec le plus grand nombre, sans oublier les plus petits, les plus fragiles ?
C’est un vaste chantier !
Les trois mois à venir risquent encore d’être « chauds ». Nous aurons particulièrement à rester vigilants sur des thèmes comme celui des migrants et des réfugiés : certains les utilisent pour augmenter la peur et amplifier la tentation d’un égoïsme hexagonal. Une fois de plus nous saurons – comme chrétiens – dire un « non » ferme aux voix du repli frileux. Nous saurons dire « non » aux voix qui préconisent le refus de l’étranger – notre frère – présent sur notre sol.
Nous ne manquerons pas de prier le Seigneur. Que la lumière de l’Evangile et notre réflexion en Église, nous éclairent ! Courageusement et dans la confiance, avec l’aide de l’Esprit Saint, nous ferons ce travail de discernement. Que notre règle reste – non le souci partisan – mais la recherche de l’intérêt général – et que notre démarche reste animée d’espérance !
Gilles PRIOU