L’émerveillement eucharistique
Je vous partage une lecture récente de la première méditation de ce Carême, proposée par le Cardinal Raniero Cantalamessa (extraits).
«Parler de l’Eucharistie en temps de pandémie (et à présent avec les horreurs de la guerre dans les yeux) ce n’est pas nous abstraire de la réalité dramatique que nous vivons, mais une aide pour la regarder d’un point de vue plus élevé et moins contingent.»
Le besoin de l’Eucharistie
«L’Eucharistie, offre la véritable clé de lecture de l’histoire. Elle nous assure que Jésus est avec nous, non seulement intentionnellement, mais réellement dans ce monde qui semble nous échapper à tout moment»
La pandémie qui nous a fait «prendre conscience du besoin que nous avons de l’Eucharistie et du vide que crée son absence». Pendant la période la plus aiguë de la pandémie, en 2020, «j’ai été fortement impressionné, et avec moi des millions d’autres catholiques, par ce que cela signifiait chaque matin de regarder à la télévision la Sainte Messe célébrée par le Pape François à Sainte-Marthe.»
L’émerveillement eucharistique
L’Eucharistie est « au centre de chaque saison liturgique, du carême comme dans les autres temps ». C’est ce que «nous célébrons chaque jour, la Pâque quotidienne». Chaque petit progrès dans «sa compréhension se traduit par un progrès dans la vie spirituelle de la personne et de la communauté ecclésiale». Mais malheureusement, c’est aussi «la chose la plus exposée, du fait de sa répétitivité, à devenir une routine, une évidence».
Dans les tout premiers temps de l’Église, note le prédicateur, «la liturgie de la Parole était détachée de la liturgie eucharistique ». Les disciples, rapportent les Actes des Apôtres, « fréquentaient le temple assidûment». Ils écoutaient la lecture de la Bible, récitaient les psaumes et les prières avec les autres Juifs ; c’était leur liturgie de la Parole. Puis ils se réunissaient séparément, chez eux, où «ils rompaient le pain», c’est-à-dire célébraient l’Eucharistie (cf. Ac 2, 46).
Bientôt, cependant, cette pratique «devint impossible, à la fois à cause de l’hostilité des autorités juives à leur égard et parce que les Écritures avaient acquis pour eux un sens nouveau, entièrement orienté vers le Christ». C’est ainsi qu’également «l’écoute de l’Écriture s’est déplacée du temple et de la synagogue vers les lieux de culte chrétiens, prenant progressivement la physionomie de l’actuelle liturgie de la Parole qui précède la prière eucharistique».
Liturgie de la Parole et liturgie eucharistique
Le but des lectures de la liturgie de la Parole n’est pas tant de nous faire entendre des textes choisis de la Bible que de nous faire «reconnaître Celui qui se rend présent dans la fraction du pain, pour éclairer chaque fois un aspect particulier du mystère que l’on va recevoir». Ainsi les pèlerins d’Emmaüs : c’est «en écoutant l’explication des Écritures que le cœur des disciples a commencé à fondre, de sorte qu’ils ont pu ensuite le reconnaître à la fraction du pain (Luc 24, 1 et suivants)».
En écoutant les textes bibliques, nous réalisons que ce qui s’est passé «en ce temps-là» se passe «en ce temps-ci», «aujourd’hui» (hodie), comme la liturgie aime à l’exprimer. C’est pourquoi «nous ne sommes pas seulement des auditeurs de la parole, mais des interlocuteurs et des acteurs de celle-ci. C’est à nous, présents sur place, que la parole est adressée ; nous sommes appelés à prendre la place des personnages évoqués». Et il conclut : «L’Écriture proclamée pendant la liturgie produit des effets qui dépassent toute explication humaine, à la manière des sacrements qui produisent ce qu’ils signifient. Les textes divinement inspirés ont aussi un pouvoir de guérison».
Père Rémy Crochu