Un temps pour redire à Dieu : « je t’aime »
Nous voici entrés en Carême. Rappelons-nous en le sens et le programme.
Le sens du Carême, tout d’abord. « revenez à moi de tout votre cœur », disait le prophète Joël. Le Carême est un « moment favorable » pour « revenir au Seigneur », un « moment favorable » que l’Église nous donne pour découvrir combien Dieu est « tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment » (Joël 2, 14). Et nous vivrons ce Carême ensemble, nous soutenant les uns et les autres dans cet effort de conversion : « les anciens » comme « les enfants et nourrissons », dit encore le prophète, « le jeune époux et la jeune mariée », « les prêtres » et « le peuple qui appartient à Dieu ». Ensemble, revenons au Seigneur, offrons lui nos offrandes et nos prières pour nous mais aussi les uns pour les autres et pour l’humanité entière. Nous aurons cette année une prière particulière pour les peuples éprouvés : l’Ukraine, la Turquie et la Syrie, le Haut-Karabakh…
Le sens de ce Carême c’est encore et surtout de nous rappeler que le Christ, « lui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu » (1Co 5, 22). Je traduis en termes plus simples : Ce n’est pas nous qui changeons Dieu, mais c’est Dieu qui, en Jésus-Christ mort et ressuscité, nous change, nous fait « don de sa grâce », nous demandant de ne pas la laisser « sans effet ». De ce point de vue, les chrétiens ne font pas Carême avant Pâques, mais Pâques avant Carême ! Ils ne disent pas à Dieu de changer son regard sur nous en constatant les efforts que nous faisons pour nous convertir, mais il nous demande de nous convertir parce que nous avons reconnu que c’est lui qui nous change, par sa grâce.
Ainsi, nous ne faisons pas Carême pour peser sur Dieu, pour tenter de le convertir, mais pour dire à Jésus : je te suis totalement redevable, et je t’aime, toi qui es mort et ressuscité pour nous donner la vie.
Le programme de ce Carême, c’est donc de dire « merci » à Dieu ! Lui dire merci de toutes la manières possibles : en partageant, en priant et en se privant (les trois « P » de l’évangile du mercredi des Cendres).
Le Carême n’est pas un temps triste, ni un temps pour faire « une tête de Carême », comme on le prétend parfois. Ce n’est pas un temps pour dire aux autres : « tu as vu : j’ai donné ceci » ; « moi, je prie » ; « moi, je me suis privé de cela… » Au contraire, le Carême doit passer inaperçu. Il est et doit apparaître comme un temps heureux, un temps de bonheur contagieux : « donne, prie, jeûne, mais dans le secret, dit Jésus : ton Père est présent dans le secret et lui voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra » ! Tout doit se passer entre Dieu et toi. Le Carême idéal ne se voit pas ! Le Carême, c’est une offrande d’amour au secret de deux êtres qui s’aiment : C’est parfois aussi un temps de réconciliation entre deux amis ou entre deux amoureux qui s’étaient éloignés un moment l’un de l’autre. C’est un mystère d’amour, un temps de cœur à coeur !
Bon et joyeux Carême à tous !
Père Rémy CROCHU