Guerre et paix
Au moment où j’écris cet éditorial, nous nous trouvons sous le choc d’une guerre que, il y a encore quelques jours, nous n’osions pas imaginer revenir sur le sol de l’Europe. Dans une brève déclaration, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, nous rappelle « qu’il ne peut y avoir de paix sans justice ; de nos jours, la justice passe par le respect du droit international. » Et il lance un appel à la prière « pour les Ukrainiens et pour le retour de la paix en Ukraine, pour toutes les victimes de la violence aveugle que porte la guerre. »
Il relayait l’appel du Pape François à prier et jeûner en faveur de la paix, en ce début de Carême qui prendra cette année un visage et une gravité sans pareils.
Il n’échappe à personne que nous vivons ces dernières années au rythme de crises mondiales majeures qui chahutent notre quotidien et mettent à l’épreuve notre espérance et notre joie.
Plus que jamais, nous devons nous souvenir des leçons du passé qui n’a pas manqué de connaître d’autres crises qui ont conduit à d’autres guerres, avant que ne revienne la paix. Nous la croyions acquise ; ce n’est pas le cas, loin de là. Et les conséquences du conflit russo-ukrainien ne vont pas tarder à se faire sentir jusque chez nous : mouvements de populations, pénuries de carburants ou de produits alimentaires, détérioration des relations entre les peuples.
La paix n’est pas l’absence de guerre. Il est capital de comprendre que nous sommes les complices de ceux qui font les guerres à chaque fois que nous, nous cédons à la tentation de rejeter sur les autres la responsabilité de ce qui nous arrive, lorsque nous cherchons à imposer notre avis, lorsque nous attendons que les autres fassent le premier pas vers la paix et le pardon. Sur ce point, l’évangile de dimanche dernier (« la paille et la poutre ») était d’une belle opportunité !
Faisons de ce carême une occasion d’un effort de conversion de notre regard sur nous-mêmes et sur les autres. Faisons-le en famille. Faisons-le, ensemble, en paroisse : diverses propositions pourront nous y aider qu’on peut voir déclinées dans ce bulletin, dans les églises ou sur le site internet de la paroisse. Et alors nous contribuerons, à notre petite échelle mais avec l’aide de l’Esprit-Saint, à la reconstruction de la paix qui détruit les murs et jette des ponts. Croyons-le fermement, farouchement. Il faudra bien que la victoire promise de la paix nous coûte en termes d’actes de foi, d’actes de charité.
Prions aussi, intensément, pour les victimes de ce conflit naissant. Sans oublier de nombreux conflits ailleurs dans le monde dont on parle moins : en Birmanie, dans les pays du Maghreb, et bien d’autres lieux.
Par-dessus tout, demandons au Seigneur la paix, la vraie Paix : celle qui vient de Dieu. « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Tout passe, Dieu demeure. La patience obtient tout. Qui est en Dieu, rien ne lui manque. Dieu seul suffit » (Sainte Thérèse d’Avila).
Père Rémy CROCHU