Reconnaissance et Considération
Cette semaine à l’occasion du salon de l’Agriculture à Paris, nous nous associons à la démarche des évêques de notre Province avec leur message pour défendre les agriculteurs durement touchés par une crise sans précédent et qui en appellent à une prise de conscience et des mesures concrètes. En voici de larges extraits :
« Il nous est impossible de vivre sans nourriture ! Les agriculteurs qui la produisent ont un métier particulièrement noble. Ils méritent la reconnaissance et la considération de toute la société. Nous rencontrons souvent des agriculteurs. Ils cultivent le sol, travaillent avec le vivant, animal ou végétal. Nous sommes témoins de leur passion pour leur métier et de leurs réflexions pour mieux faire, mais aussi de leurs inquiétudes et de leurs souffrances, voire de leur colère. Pour certains, l’avenir semble bouché. Avec notre foi en Dieu, Père et Créateur, nous sommes convaincus que les hommes ont la mission de faire fructifier la création de manière raisonnable et audacieuse.
Réunis pour réfléchir sur l’écologie (…), nous attirons l’attention sur les points suivants :
- Les agriculteurs et leur famille ont le droit de vivre de leur travail. Dans la préoccupation trop exclusive de la productivité, on oublie souvent le bien prioritaire des familles. Il est temps d’oser penser un système économique (…) qui garantisse aux agriculteurs la possibilité de produire et de vendre leurs productions selon un juste prix. Travailler dans l’inquiétude en attendant l’octroi de subventions n’est pas satisfaisant.
- Les agriculteurs ont le droit de choisir le modèle d’agriculture qu’ils souhaitent, pourvu qu’elle soit respectueuse de notre planète destinée à nourrir durablement toute l’humanité (…). Ils ont besoin d’être accompagnés sans que leur soit imposé un modèle unique. Le seul modèle qui vaille est celui qui favorise le vrai bonheur, les relations humaines authentiques, ainsi qu’une juste relation à la nature dont (…). C’est pourquoi recherche et agriculture ont vocation à œuvrer main dans la main pour une écologie pratique digne de notre planète.
- La qualité de la production de nos agriculteurs n’est plus à démontrer. Ils sont appelés à travailler ensemble selon les filières de production. Il est urgent de dialoguer pour favoriser ces regroupements qui permettront une meilleure vente à l’échelle européenne et au-delà. Pour cela, une harmonisation des coûts de production est nécessaire. C’est une question de justice !
- Les agriculteurs sont invités à retrouver les solidarités qui les unissent les uns aux autres pour éviter les isolements parfois dramatiques, et pour renforcer les mutualisations qui sont indispensables. C’est une question de survie !
Nous invitons tous les décideurs à mettre en œuvre « une croissance par la sobriété heureuse », selon le mot du pape François. Respecter la nature et respecter l’humain sont liés, insiste le Pape.
Enseignement n° 4 : Question de dettes et de miséricorde – remets nous nos dettes – Prière du Notre-Père
La demande de remise de dettes contenue dans le Notre Père est au cœur de l’enseignement de la parabole Matthieu 18, 21-35 (le bon roi et le serviteur impitoyable). Tout d’abord une requête : « remets-nous nos dettes » puis une proposition subordonnée « comme nous les remettons à nos débiteurs ». La requête fait référence à l’imploration du serviteur devant le maître, la proposition subordonnée évoque le comportement que le serviteur aurait dû avoir à l’égard de son compagnon débiteur : ceci est suggéré par la compassion du roi à leur égard. Donc, lorsqu’il dit le Notre Père, le chrétien adopte le point de vue du roi de la parabole, il prie le « Père céleste » qui est également « le nôtre » conformément à son cœur et à sa volonté. C’est un « serviteur » à son service au sein d’une communauté dont la fraternité est l’élément constitutif et la marque distinctive.
Le fait que le pardon doive être demandé dans la prière implique une attitude timorée (pas craintive) : puisque la dette est énorme, le chrétien sait qu’il est un serviteur insolvable.
Est-il possible de répondre pleinement à une si grande miséricorde ? La communauté des croyants connaît ses limites et ne les dissimule pas : elle implore tout en sachant qu’elle ne peut pas compter sur ses propres forces Elle sait que le pardon et la fraternité sont avant tout le fruit de la grâce et qu’ils ne peuvent être reçus qu’en don de la part d’un cœur débordant d’amour comme celui du Père, Père « céleste » et « nôtre ». Et puisque la prière du Notre Père est enseignée par le Christ, c’est à travers ses paroles que la requête du croyant monte vers le Père. De même, c’est à travers lui que le cœur compatissant du Père s’est manifesté au-delà de toute mesure sur le bois de la Croix.
C’est encore à travers lui que le pardon est donné et conduit les disciples à se reconnaître frères « tout cela vient de Dieu, il nous a réconciliés avec lui par le Christ et il nous a donné le ministère de la réconciliation » (2 Co 5, 18)