Les miracles de Dieu

Un frère prêtre m’écrit ces jours-ci de son village d’Afrique : « La terre a tremblé : le village est détruit, mais grâce à Dieu, il n’y a pas eu de victimes. » Je ne sais pas comment vous réagissez devant ces « grâce à Dieu ». Ils édifient les uns et agacent les autres : peut-on se réjouir de l’un qui guérit alors que l’autre meurt, rendre grâce pour une naissance alors qu’à côté un couple reste stérile, remercier Dieu que telle personne est sortie indemne d’un accident alors que deux personnes sont mortes dans la voiture d’en face ?

Il y a des « merci » difficiles à entendre et c’est sagesse, me semble-t-il, de ne pas chercher à « en faire de trop ». Les « miracles de Dieu » sont tels pour les uns et ne le sont pas nécessairement pour d’autres !

Le temps de l’Avent nous fait regarder vers la Mère de Jésus-Emmanuel. Marie a dû accueillir en elle le Miracle par excellence, lorsqu’à la Parole de l’ange, s’est réalisé « l’impossible » de Dieu : « Tu vas concevoir et enfanter le Fils de Dieu » (Cf. Luc 1, 31).

Où est le miracle ? Certains diront que, dans une vie tout à fait ordinaire, Dieu fait une chose extraordinaire en Marie. Quelque chose tout à fait « contre-nature » : lui donner d’être mère alors même qu’elle « ne connaît point d’homme ». Et nous regarderons de la même manière les miracles de Jésus : guérisons, libérations, multiplications, résurrections. Comme si, une fraction de seconde, Dieu venait modifier l’ordre naturel des choses.

Quand on regarde l’action de Dieu de cette manière-là, je comprends alors que certains se disent : il y a ceux à qui Dieu s’intéresse et puis il y a tous les autres. Avez-vous songé que, pendant que Jésus faisait quelques miracles ici, des milliers d’autres n’en bénéficiaient pas ailleurs ?

Il faut certainement aller chercher le vrai miracle ailleurs. Le vrai miracle de Dieu ne peut pas être dans quelques uns (qui ont une sacrée veine !) et pas dans les autres. Le vrai miracle est permanent : tout est miracle, à y bien regarder ! Le miracle de toute vie, de chaque jour de ma vie, de chaque battement de mon cœur, de chaque respiration de mes poumons ! En poussant un peu plus loin, osons dire que le miracle est caché dans « ce qui marche » comme dans « ce qui ne marche pas ». On a tous fait l’expérience d’une épreuve (un échec, un deuil, même) qui a été finalement « le cadeau de ma vie ». Souvent, après des années de recul. Je suis convaincu qu’à l’heure du grand passage en Dieu, nous serons ahuris de constater qu’en définitive, notre vie n’aura été qu’une succession de miracles, un miracle en elle-même !

Ne disons plus : « c’est un miracle que je m’en sois sorti indemne. » Préférons dire, avec la Vierge Marie. « Qu’il me soit fait comme le Seigneur veut qu’il m’advienne ». Car impossible n’est pas divin !

Rémy CROCHU

 

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