Mineurs migrants, vulnérables et sans voix …
Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié
Beaucoup se souviennent encore de la démarche qu’avait faite le pape François en juin 2013, tout récemment élu pape, pour se rendre dans l’île de Lampedusa. Il voulait se recueillir sur les plages de cette belle île italienne où viennent s’échouer les corps de tant de migrants, hommes, femmes, enfants, noyés durant leur traversée. Nous le savons maintenant, la cause des migrants lui tient beaucoup à cœur. Il a voulu réveiller nos consciences en dénonçant à cette occasion ce qu’il a appelé « la mondialisation de l’indifférence » !
Pour la Journée Mondiale 2017 du Migrant et du Réfugié – qui vient de se passer le 15 janvier – il avait choisi le thème : « Mineurs migrants, vulnérables et sans voix… ». Il voulait attirer notre attention sur « les petits entre les petits » en insistant sur la dimension mondiale du phénomène : « Souvent les enfants arrivent seuls dans les pays de destination. Ils ne sont pas en mesure de faire entendre leur propre voix et deviennent facilement des victimes de graves violations de droits humains. Les enfants et les femmes sont les groupes les plus vulnérables dans le contexte de la migration internationale et ces mineurs sont les plus fragiles, souvent invisibles, car ils sont sans papiers ou non-accompagnés ». La migration est donc un phénomène mondial et pas seulement européen ou méditerranéen ; tous les continents sont touchés par cette réalité. L’objectif auquel le pape veut sensibiliser les catholiques du monde entier, c’est que, dans tous les pays où les migrants arrivent avec leurs familles, on leur garantisse la pleine reconnaissance de leurs droits.
Quelles sont les réalités dans le monde et chez nous ?
Selon l’UNICEF, on estime aujourd’hui à plus de 50 millions le nombre d’enfants migrants ou déplacés, de force, à travers le monde. Parmi eux, plus de la moitié – 28 millions – a fui la violence et l’insécurité.
Pour notre pays, que dire ? Un ancien responsable du Secours Catholique estimait qu’en France, en 2014, on comptait de 4000 à 9000 mineurs isolés étrangers.
Et dans les rues de Nantes, des membres d’associations croisent et rencontrent de nombreux enfants – qui même quand ils sont accompagnés de leurs parents – sont là parce qu’ils ont dû fuir la misère, la violence, la guerre. Des enfants qui connaissent la précarité et le mal-logement. Des enfants qui n’ont donc pas les conditions requises pour grandir dans un climat familial, joyeux et serein …
Sommes-nous concernés ?
Nous pourrions penser que dans nos paroisses rurales nous ne sommes moins directement concernés. Beaucoup parmi nous n’ont jamais eu l’occasion de croiser un mineur migrant sur leur chemin, ni même un adulte. Toutefois, l’actualité brûlante de ces dernières années nous a sensibilisés aux questions de la migration. Qui n’a pas été ému par les images du récent démantèlement de la « jungle de Calais » ? Qui n’a été provoqué par la demande pour accueillir sur tout le territoire français, les occupants de cette « jungle » ? Les images du démantèlement ont été largement relayées par les média, ouvrant des polémiques démesurées et donnant lieu à la tenue de propos parfois inacceptables. Il semble que maintenant, après quelques mois, cet accueil se réalise d’une façon plus paisible, suscitant de très beaux élans de solidarité y compris dans notre département.
Les chrétiens ne sont pas les seuls à œuvrer mais ils ne sont pas les derniers non plus à se retrousser les manches. Ils donnent ainsi une réponse à la demande des évêques de France qui disaient en 2016 : « Nous devons nous interroger sur la manière dont nous traitons les migrants arrivés dans notre pays depuis plusieurs années. Est-il aujourd’hui tolérable que des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants vivent sur notre territoire sans des conditions trop souvent inhumaines ? »
Alors que faire ?
Chacun peut commencer par s’interroger sur ses rencontres : quelles personnes venant de la migration je rencontre, quelle est qualité de ces rencontres, avec quel accueil réciproque ? Il y a tant de préjugés à surmonter et tant de fausses idées à faire tomber.
On sera attentif à la période d’élections qui s’annonce en 2017 pour notre pays. On connaît le risque des dérapages ; on sait que certains s’autorisent la diffusion de thèmes inacceptables pour des chrétiens, incitant à refuser l’accueil des étrangers. Nous resterons donc vigilants sur les propos tenus par les candidats à la présidentielle ou aux législatives. Le pape François encourage en permanence la « culture de la rencontre ». Avec lui, nous aurons le souci de montrer le visage d’une Église vraiment fraternelle. Que pourrons-nous faire d’autre ? Nous pourrons nous joindre à l’action des associations dans lesquelles se mêlent heureusement des chrétiens et des non-chrétiens. Depuis deux ans des initiatives ont été lancées sur nos communes pour préparer l’arrivée annoncée de nombreux migrants.
Cette forte mobilisation a conduit à mettre en place un comité intercommunal (CICARM), qui actuellement joint ses efforts à ceux de Blain et d’Avessac pour réaliser cet accueil des migrants, pour les accompagner dans leurs démarches administratives, pour leur apprendre le français, et parfois les dépanner financièrement.
Et du côté de la Pastorale diocésaine des Migrants ?
Elle assure évidemment un grand rôle dans la solidarité diocésaine, à la fois pour éveiller nos consciences et pour soutenir les initiatives des uns et des autres ; ou encore pour organiser ses actions propres.
Vous avez sans doute entendu parler de l’occupation du presbytère de Doulon (à Nantes). Il avait été squatté depuis plus de deux ans, il est maintenant libéré. Mais les occupants sont suivis avec attention par la Pastorale des Migrants en partenariat avec la mairie de Nantes et d’autres associations. D’autres actions sont menées auprès des femmes migrantes, auprès des mineurs non-accompagnés, auprès des réfugiés du Proche Orient.
Vous connaissez peut-être le réseau Welcome qui, pour des demandeurs d’asile isolés, organise un accueil temporaire (4 à 6 semaines) dans les familles.
Beaucoup de choses sont à faire, beaucoup de choses sont possibles auxquelles vous pouvez prendre part, y compris en apportant votre contribution financière aux actions engagées.
Vous pourriez en savoir plus en allant consulter le site de la pastorale des migrants du Diocèse de Nantes : 7, chemin de la Censive du Tertre 44300 Nantes
tél 02 49 52 22 74 et 06 21 13 33 89
pastorale.migrants@nantes.cef.fr
Gilles PRIOU