La paroisse en « visitation »
Voici quelques semaines, nous avons proposé avec l’Équipe d’Animation Paroissiale (EAP) un nouveau format de « visitations » : la possibilité de se retrouver ici et là dans nos maisons, avec une famille, des voisins, des proches, une équipe fraternelle, le temps d’une messe de semaine et d’un temps plus ou moins long d’échange et de partage autour de la Parole.
Je dois vous dire mon émerveillement et ma joie d’avoir pu vivre déjà un certain nombre de visites. Cet édito, plus qu’un premier bilan, veut être une invitation lancée à tous ceux qui hésiteraient encore à faire appel… La période est propice : les rassemblements nombreux sont rendus difficiles à organiser. Le port d’un masque ne facilite pas… La formule des visitations apparait donc comme un bon compromis…
Bref, j’ai déjà pu enchaîner diverses expériences dont voici un aperçu :
· une messe chez un couple de nos anciens : un temps de compassion et d’union de prière avec tous nos aînés souvent bien isolés.
· une matinée à l’initiative d’un groupe de chapelet auquel des voisins se sont joints pour l’occasion : expérience d’un partage fraternel plein de foi autour de la Parole.
· Une soirée avec des personnes célibataires : temps d’échange d’une rare richesse autour de la manière dont s’est vécu le temps du confinement et sur la place pas facile à trouver au sein de la communauté paroissiale quand on est une personne seule.
· Une Fraternité d’Évangile qui redémarrait, après le confinement et la période estivale : là encore, un partage autour de la Parole d’une qualité exceptionnelle.
D’autres visitations se profilent : dans un groupe de prière, dans une famille invitant son entourage ; dans une Fraternité d’Évangile où anciens et jeunes ont leur place ; chez une paroissienne qui, avec une amie, réunit du voisinage… Et certains, qui ont fait une première expérience, ont bien compris qu’ils pouvaient la renouveler !
Que personne ne se trompe sur l’intuition profonde de ces « visitations » : la conversion missionnaire de nos paroisses. Nous devons plus que jamais — et contre « l’air du temps » qui s’y oppose farouchement, et aussi en prenant acte d’une société qui n’est plus « chrétienne » —, encourager une « culture de la rencontre », selon l’expression du Saint Père dans « La Joie de l’Évangile ». Dans une publication parue en juin dernier émanant de la « Congrégation du Clergé » au Vatican, les auteurs, évoquant la « conversion pastorale » des paroisses, affirment la nécessité « que la paroisse soit le “lieu” qui donne le désir d’être ensemble et fait grandir les relations personnelles durables » et où « chacun peut ainsi découvrir ce que signifie “faire partie” et “être aimé”. » Le pape François, présentant la paroisse comme « une communauté de communautés », l’avait déjà décrite comme « l’Église elle-même qui vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles » (La joie de l’Évangile, N°28). Pas une Église centrée sur elle-même, donc, mais bien une Église qui ouvre ses portes, va à la rencontre, invite avec humilité et audace pour que les conditions d’une rencontre avec le Christ soit rendue possible aujourd’hui encore. N’est-ce pas cela que nous essayons modestement de vivre et proposer à travers nos « Équipes Fraternelles de Foi » ? J’ai cette conviction : le renouveau missionnaire de nos paroisses passe par de petits points de chaleur identifiables qui attirent (à commencer par les familles), plus que par une multitude de points de tiédeur qui n’attirent personne et découragent leurs membres.
Père Rémy CROCHU