Dieu « aux abonnés absents »
Avec cette année qui commence, la tentation pour nous tous, dans notre quotidien (personnel, familial ou professionnel) est de penser l’année à venir en la comparant avec l’année qui vient de passer. Pour certains, c’est la tentation de l’immobilisme : chercher à retrouver (ou prolonger) nos repères, nos petites habitudes, notre « zone de confort ». Par tempérament, certains plus que d’autres se satisferont de cela, redoutant tout ce qui plonge dans l’inconnu ou, plus simplement, ce qui les dérange. Pour d’autre, c’est la tentation de la nouveauté permanente : ce qui change ou lance à l’aventure, parfois au dépit de ce qui était avant. Ceux-ci peuvent eux aussi s’interroger sur ce qui les motive dans ce désir et qui peut être révélateur de leur difficulté à assumer l’ordinaire, voire l’ennuyeux, leur vie.
Dans une paroisse comme la nôtre, il en est de même. On retrouve ces deux tentations qui font que certains trouvent que les choses évoluent trop vite (« c’était tellement mieux avant » ou « on nous change la religion ») tandis que d’autres pensent que ça avance trop lentement !
Cependant, ces manières de voir ont en commun que tous regardent leur vie à partir d’eux-mêmes, à partir de leurs intérêts personnels : ce qui me plait, ce qui me convient ou m’apporte quelque chose. Or, la vie chrétienne, telle que nous l’enseigne l’Évangile, ne s’inscrit résolument pas dans cette manière de voir. Ce qui est au centre, ce n’est pas moi mais Dieu. On parle de révolution copernicienne, car il s’agit de passer de « moi au centre » à « Dieu au centre ». « Celui qui veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». J’en conviens : c’est une conversion qui pour beaucoup apparaît indésirable et, de toutes les manières, impossible : l’ascension de l’Everest ! Et nous avons raison de le penser si nous le faisons… à partir de nous-mêmes !
Et si l’année qui s’ouvre l’était sur ce que Dieu lui-même veut en faire ? Et si chacun de nous osait se poser devant Dieu en lui disant : « Dis-moi ce qui te plairait, montre-moi ce que tu voudrais que j’accepte et ce que tu voudrais que je change dans ma vie ? Il est peu probable que nous ayons une réponse immédiate, mais Dieu saurait à coup sûr nous éclairer peu à peu, comme les phares d’une voiture dans la nuit.
Avouons-le : nous prononçons ces mots : « que ta volonté soit faite », mais en réalité nous vivons comme si Dieu n’avait pas son mot à dire. Nous l’avons renvoyé aux « abonnés absents ».
« Dieu ne s’est pas soustrait au monde, il n’est pas absent, il ne nous a pas livrés à nous-mêmes, mais il vient à notre rencontre de diverses manières, que nous devons apprendre à discerner. » (Audience du 12 décembre 2012, catéchèse de Benoît XVI). Une année commence en paroisse. Et il ne tient qu’à nous de la commencer avec l’ambition d’y accueillir davantage la présence du Seigneur. Je reprends une équipe de ceci ? Je démarre la mission de cela ? Je réponds à un appel nouveau ? Je continue tout simplement ma route ? Sois ma lumière, Seigneur !
Père Rémy CROCHU