Les imprévus de Dieu
Je ne vous cacherai pas qu’à l’heure où j’écris ces lignes, mes pensées vont au père Victor. Ce mardi après-midi, il est entré pour un temps de convalescence à la maison diocésaine du Bon Pasteur. C’est avec un vrai pincement au cœur que nous le voyons s’éloigner de la paroisse qu’il a servi durant ces 15 dernières années. Il se rappelait à nous de temps en temps avec divers soucis de santé mais nous le voyions à chaque fois remonter la pente. Cette fois, un zona puis une importante fracture costale auront eu raison de sa santé, rendant difficile son maintien au presbytère.
Mon frère Victor est impressionnant. Ces dernières semaines, il ne se répandait pas en confidences sur ses états d’âme ou de foi, mais, alors qu’il souffrait beaucoup, il nous a tous édifiés par sa gentillesse constante, son attention bienveillante envers ses visiteurs, sa volonté aussi pour faire face aux épreuves accumulées.
Nous allons espérer une fois encore un rétablissement rapide. D’ici là, nous avons des dispositions importantes à prendre pour la marche de nos paroisses. Les plus visibles concerneront les messes dominicales : nous faisons le choix de supprimer purement et simplement les messes du samedi soir pour lesquelles il était « programmé ». En conséquence, nous ne pourrons donc assurer cet été qu’une messe de 18h30 sur deux (sauf 2 exceptions). En revanche, les deux messes du dimanche, 11h, seront maintenues, sachant que nous ferons ponctuellement appel à un prêtre extérieur. Je pense qu’on peut remercier néanmoins les pères Jean et Jean-Michel pour leur sens du service et leur générosité, malgré l’âge.
La présence d’un prêtre n’est pas facultative. Il faut sans cesse se rappeler qu’il préside le rassemblement eucharistique au nom du Christ… Bon Pasteur !
Il n’est pas (ce que demandent parfois certains) quelqu’un qui vient pour « dire la messe », mais bien celui qui est donné à une communauté chrétienne pour signifier que le Christ est présent, ressuscité et vivant au milieu d’elle, la nourrissant par son Amour, par sa Parole de Vie et par son Corps livré. Comme il est important, à cet égard, de demander sans relâche au Maître de la moisson « d’envoyer des ouvriers pour la moisson » !
Sans prêtre, on ne peut pas parler de paroisse, de même que sans le Christ, il n’y aurait pas d’Église.
Dans notre changement de dispositif estival, certains s’inquièteront de la suppression de messes et donc des « intentions de messe » qu’ils auraient demandées. Pour chaque messe supprimée, il nous a fallu opter pour le report de ces intentions sur la messe du lendemain. Ce dispositif sera mis en œuvre sur les mois d’été et même au-delà (sauf demande explicite d’un report).
Il est à noter que le vieillissement qui touche nos prêtres n’est pas sans rapport avec le vieillissement de nos communautés eucharistiques et donc tout particulièrement des personnes qui mettent leur talent au service de la préparation et de l’animation des messes. Il semble évident que nous aurons d’autres dispositions à prendre à la rentrée dont nous vous parlerons ultérieurement.
Je termine cependant cet examen de la situation présente en invitant chacun à se rappeler que l’Eglise — et donc nos paroisses — n’est pas faite pour elle-même mais pour le service des hommes et des femmes de bonne volonté qui attendent qu’on les aide à répondre à leurs questions les plus vitales : pourquoi la vie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le mal ? Quel sens donner à ma vie ? Nous aurions bien tort, dans la traversée de nos difficultés présentes, aussi réelles soient-elles, d’oublier notre mission essentielle d’offrir l’Évangile de la paix à qui veut bien l’entendre, notre mission d’intercession auprès de Dieu, aussi. Bon été à tous, dans la confiance, l’espérance et l’amour.
Père Rémy CROCHU