DES IDÉES POUR L’ÉTÉ
Je fais partie de ces gens qui ont la chance de pouvoir partir tous les ans pour quelques semaines de vacances d’été. Pour moi, c’est presque toujours en montagne depuis que pour la première fois, en 1967, Jean Monnier, m’a fait gravir mon premier « 3000 » dans les Pyrénées espagnoles ! L’âge venant, j’ai fini par ranger mon piolet, mes cordes et mes crampons. Mais j’en garde au cœur une marque profonde.
Je me suis demandé ce que je pouvais vous partager de mon expérience modeste de « montagnard » qui ait en même temps une portée universelle pour vous inviter à vivre un bel été ! Quelques mots me sont venus : la marche, la nature, l’amitié, la prière …
- La marche : cet exercice physique nécessite souvent un effort prolongé, mais n’est pas forcément du goût de tout le monde. Moi, ça m’a fait du bien, en me sortant d’un style de vie trop sédentaire. Pour le prêtre, comme pour tous, l’équilibre personnel est un art difficile où doivent trouver leur place, le corps, le cœur et l’esprit !
- La nature : ces semaines passées en montagne, le plus souvent sous la tente en camping, m’ont fait mieux découvrir la nature : observer le ciel, grimper dans la nuit étoilée et glaciale, surveiller l’orage qui vient, s’émerveiller de l’explosion des prairies en fleur, craquer devant le bleu profond des lacs, surveiller les rapaces, les chamois, les isards, et découvrir leurs traces sur la neige … Et aussi, s’inquiéter du réchauffement climatique, de la déforestation et des dégradations diverses !
- L’amitié : grimper en montagne, on le fait le plus souvent en groupe. C’est une cordée qui part ensemble et doit revenir ensemble. Avec cette corde comme lien symbolique et bien réel, lien solide et fort qui oblige le plus doué à accorder son pas à celui du plus faible. Une expérience d’équipe portée par la confiance et la joyeuse amitié, qui requiert beaucoup de solidarité et d’attention aux autres. Que de choses à raconter après coup !
- Expérience spirituelle : cette expérience a des facettes multiples ! Il y a du dépassement de soi pour réussir un projet porté ensemble et qui nécessite un effort important ! Il y a toute un dimension de silence et de réflexion : je pense aux longues méditations que permettent ces marches, mais aussi aux échanges entre amis, quelquefois inattendus, quand le souffle n’est pas coupé par l’effort ! Il y a la louange qui jaillit devant l’éclat d’un lever de soleil sur un joli lac d’altitude ; le merci après un parcours difficile ou risqué. Ces périodes de vacances qui nous mettent à distance de nos urgences « professionnelles » ont toujours été pour moi, dans la prière, un temps favorable de relecture au terme d’une année d’activité pastorale … avant le retour à la vie paroissiale.
Sans doute cette chance de partir en vacances n’est-elle pas donnée à tout le monde. Mais, que l’on parte ou que l’on ne parte pas, les repères que j’ai donnés peuvent – me semble-t-il – convenir à tous, même à ceux qui devront se contenter de faire leurs grands voyages d’été devant leur fenêtre ! Je leur souhaite :
- un vrai temps pour se refaire physiquement, pour se reposer en changeant d’activités, en lâchant la pression pour se libérer l’esprit, en allégeant certaines tâches, familiales, pastorales, ou professionnelles ! Un temps pour se cultiver, pour respirer, pour ne rien faire !
- un vrai temps pour découvrir la nature, les petits oiseaux, les fleurs et les paysages. La lecture de l’encyclique du Pape François, Laudato Si’, peut nous aider à ouvrir les yeux sur les beautés et sur les risques encourus par notre « planète Terre ». Même en vacances, notre responsabilité est engagée pour préserver ce que François appelle « notre maison commune ».
- un vrai temps pour entretenir ou cultiver nos amitiés. Lutter contre l’impression de solitude ressentie à certains moments. Veiller sur ceux qui vivent ces périodes d’été avec un sentiment d’exclusion encore plus forte. Un temps pour des visites gratuites, celles qu’on a trop longtemps différées au cours de l’année.
- un vrai temps pour nous refaire spirituellement. Lire un bouquin qui est resté trop longtemps en attente sur notre étagère. Passer une journée au Centre spirituel de Kerguénec ou quelques jours dans un monastère. Décider d’entreprendre un pèlerinage… Renouer avec la prière, peut-être pas pour en faire des quantités, mais pour revenir à la source et pour réveiller le goût de parler à Dieu, de dialoguer avec lui.
Bon été. Bonnes vacances.
Gilles PRIOU