Vers Emmaüs ?
« Deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs… »
Le Congrès-Mission vient de s’achever. Avec l’équipe de pilotage du Congrès, nous avions prié et « reçu » l’évangile des Pèlerins d’Emmaüs qui en a inspiré le thème : « Chrétiens au cœur battant », faisant référence à la parole des deux disciples, de retour à Jérusalem : « notre cœur n’était-il pas tout brûlant quand, en chemin, il nous expliquait les écritures ? » Qu’on me permette de remettre ici le message que j’ai adressé à ceux qui ont vécu cette journée et que j’ai introduit par cette question : vers quelle ville voulons-nous marcher, nous aussi ? Vers Emmaüs ou vers Jérusalem ?
Les deux pèlerins de l’évangile venaient de vivre l’une des plus grandes épreuves de leur vie, un échec qui avait provoqué en eux une grande amertume : « Nous, nous espérions que c’était lui qui allait libérer Israël ! » Et les voilà qui rentrent chez eux, sans doute à Emmaüs, leurs espoirs envolés
« Voulez-vous partir, vous aussi ? » Rappelez-vous : c’est la question que Jésus avait posée quelques mois plus tôt à ses apôtres, devant l’hémorragie du groupe des premiers disciples que les paroles du Maître avaient totalement déçu. Voulez-vous partir, aujourd’hui encore, vous qui faites partie du petit reste de ceux qui se disent encore “chrétiens” au milieu de ce monde ? Je laisse chacun répondre à cette question, mais je vous propose trois pistes pour y répondre, des pistes que l’évangile d’aujourd’hui peut nous inspirer.
Notre première raison de rester, c’est la vie fraternelle. Ils étaient deux. Ou plus exactement trois ! « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux », avait déjà dit Jésus. Et c’est exactement l’expérience faite par les deux pèlerins.
La fraternité n’est-elle pas ce que nous cherchons à vivre dans nos paroisses ?
Mais pas n’importe laquelle : une fraternité où nous ne sommes pas deux mais bien trois à marcher ensemble, puisqu’invisiblement, nous croyons que le Christ marche avec nous. Et c’est lui qui nous brûle le cœur et nous encourage au quotidien. Il n’y a de véritable fraternité que dans ta douce présence, Jésus ! « Reste avec nous, Seigneur, reste dans cette paroisse, reste un peu, car le soir approche et déjà le jour baisse ! »
La seconde raison de ne pas nous en aller nous aussi, c’est l’expérience de Dieu dans la prière. L’expérience de Jésus qui continue de nous partager le pain de sa parole et de l’eucharistie qu’on appelle aussi « la fraction du pain » en référence au repas de l’auberge. C’est en méditant la Parole et en partageant le Pain que les disciples feront ce constat :
« Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous ? » Seigneur, invite-toi au plus profond de notre cœur, rends-nous sensibles aux appels de ton Esprit-Saint, « reste avec nous » !
La troisième raison de ne pas déserter, c’est l’urgence de la mission : « Le Seigneur est réellement ressuscité », crient les apôtres. Celui qui a fait l’expérience de l’amitié que Dieu lui porte ne peut pas résister au désir d’en témoigner autour de lui. C’est à la fois une expérience très intime et un trésor à partager. A commencer par une vie qui naturellement rayonne : « À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem où il trouvèrent les apôtres réunis avec d’autres disciples… » !
Il est urgent que nous retournions à Jérusalem. Urgent pour nous, urgent pour nos contemporains. Laissons les « Emmaüs » de tous nos « et nous qui espérions… » pour retourner dans tous ces « Jérusalem » où nous attendent d’autres disciples, joyeux de témoigner de la Présence du Christ dans le « cœur battant » de ses disciples !
Père Rémy CROCHU