Regard dans le rétroviseur
Parcourant du regard l’année qui se termine, je ne peux que constater comment elle aura été riche et unique. Nous en avons respiré les multiples parfums qu’elle a su exhaler et dont les senteurs embaument les chaleurs de l’été naissant. Sans me risquer à dresser une liste des temps forts, me reviennent en mémoire cependant quelques événements marquants : le forum diocésain « écologie intégrale » d’octobre, le premier parcours Alpha paroissial durant l’hiver, le pèlerinage à Lourdes au printemps et le parcours « Qui es-tu, Esprit-Saint ? » entre Pâques et Pentecôte. Et puis il y aura eu le travail qui aura été réalisé sous diverses formes pour apporter notre contribution à la réflexion de notre évêque sur « l’avenir des paroisses à l’horizon 2040 ». Je remercie au passage tous ceux qui ont pu collaborer à une réflexion qui devrait continuer d’être menée dans les mois à venir, notamment lorsque notre évêque nous aura donné le cap à suivre (au début de l’année 2024).
Nous savons en effet que nous traversons (je parle ici du diocèse et, plus largement de l’Église de France) une « zone de turbulences » qui nous pousse à penser que ce qui a été ne sera pas toujours… En clair, nos communautés vieillissent et semblent se fragiliser, y compris nos frères prêtres. Il faut ajouter à cela un climat difficile sur fond de crise des abus en Église et de remise en cause de certains fonctionnements de l’Institution.
L’année n’aura pas été plus simple au-delà de notre horizon ecclésial. Nous traversons des crises sociales et économiques qui préoccupent les Français, l’Europe et le monde : conflit en Ukraine et en d’autres lieux plus éloignés, mobilisation contre la réforme des retraites en France, crise climatique, débat sur la fin de vie… Si des avancées significatives sont à souligner ici ou là, nous regardons davantage — c’est malheureusement souvent ainsi — la pluie sous les nuages que les percées du soleil.
Les chrétiens que nous sommes ne peuvent se résoudre à porter un regard pessimiste sur le monde, aussi abîmé soit-il. Nous pouvons trouver un encouragement dans les mots de notre évêque, dans son éditorial de juin d’Église en Loire Atlantique. Il écrit en effet « qu’il pourrait être bon de regarder comment, tout au long de cette année pastorale, nous avons eu le souci de “contribuer à la paix”, par la qualité de la relation avec tous ceux qui nous entourent, dans notre paroisse, nos familles, notre voisinage, les lieux où nous sommes engagés… »
J’ose penser que nous gagnerions beaucoup à faire, chacun personnellement ou même dans nos lieux de partage fraternel, cet exercice de relecture — de “regard dans le rétroviseur” — à la lumière du critère seul de la paix. En quoi avons-nous fait avancer la paix autour de nous ou du moins n’avons-nous pas contribué au climat de guerres qui agite ce monde ?
Aussi, notre évêque nous suggère, en cette fin d’année, d’en faire l’occasion de « prendre conscience que c’est bien à notre monde, à notre société, que nous sommes envoyés et que nous avons, chacun et collectivement, notre part à prendre pour que l’emportent la paix, la fraternité et la justice. » Et cela commence à notre porte, dans le petit « Nazareth » où le Seigneur nous a plantés.
Père Rémy CROCHU