Guérissez les malades !
Aux disciples que Jésus envoie, Jésus donne cet ordre : « Guérissez les malades » (Mt 10, 8). Ces jours derniers, une messe a réuni une petite centaine de paroissiens qui ont entendu la proposition de l’équipe de la pastorale de la Santé à demander le Sacrement des malades. Comme beaucoup de ceux qui ont assisté à cet événement, j’ai été émerveillé.
Émerveillé par le nombre, bien sûr. Celui-ci s’expliquant, au moins en partie, par la possibilité de le vivre aujourd’hui alors que cela faisait deux ans qu’un certain nombre d’entre eux s’étaient terrés chez eux durant cette période de pandémie de la Covid 19. J’ai entendu la conversation de l’un ou l’autre disant que c’était « sa première sortie », depuis longtemps. Je sais par ailleurs que certaines personnes, qui n’ont pas pu sortir, auront pu demander la visite du prêtre.
Émerveillé aussi par le sourire, sa sincérité et l’acte de foi des personnes à qui nous apposions l’huile des « infirmorum », l’huile des malades. Il y avait bien entendu essentiellement des personnes âgées. Le jour (un jeudi après-midi) était dissuasif pour permettre la participation de personnes plus jeunes. Mais le père Jean-Michel qui présidait la célébration a pu redire ce que précisait l’invitation : ce sacrement n’est pas « le dernier » qu’on donne à l’article de la mort, mais un sacrement de guérison, offert à des vivants ! Nous n’avons pas été témoins de guérisons miraculeuses, mais la joie palpable de l’assemblée, à la fin de la messe était déjà la preuve que quelque chose s’était passé, que le Christ était passé, que la vie nouvelle était passée !
Émerveillé enfin par mes confrères prêtres. Le fait était exceptionnel et peut être souligné. Nous étions les 6 prêtres présents : Victor, Jean, Jean-Michel, André, Roger et moi. Leur joie n’était pas moins grande et palpable. Certains d’entre eux ont demandé le sacrement et je n’ai pas pu rester insensible de les voir se le donner l’un à l’autre, conscients de leur propre fragilité liée à l’âge.
C’est une belle page de l’histoire paroissiale qui s’est vécue, là. Très en consonance avec le projet pastoral invitant à vivre « la famille dans la paroisse ». Nos anciens ont tous été accompagnés pour pouvoir venir et je mesure le travail accompli par les uns et les autres pour proposer le sacrement, motiver, persuader de son importance. Aux temps évangéliques, les apôtres n’ont rien fait d’autre que cela ! Ils sont allés à la rencontre des gens, ils ont parlé du passage de Jésus, ils leur ont témoigné du « royaume de Dieu tout proche de vous », ils ont proposé — comme le rappelle l’apôtre Saint Jacques dans sa lettre — « qu’on prie sur les malades après leur avoir fait une onction d’huile » (Cf. Jc 5, 14). C’est l’Évangile qui continuait de s’écrire ces jours-ci, dans la paroisse !
Achève, Seigneur, ce que tu as commencé en chacun de nos frères et sœurs : rends forts ceux qui sont faibles, guéris ceux qui sont blessés, soulage ceux qui souffrent ! Et qu’une grande action de grâce monte en bouquet vers toi, le Seigneur et le Sauveur d’un monde désespéré et malade. Amen.
Père Rémy CROCHU