Vœux pour 2024
L’exercice peut sembler très convenu en ce début d’année civile. Je vous adresse pourtant mes vœux cette année encore, et de tout cœur, en ma charge de curé. Pas de scoop, cependant. Si beaucoup d’entre vous savent que des changements importants sont au menu de l’année 2024, nous en découvrirons les contours précis ensemble et le moment venu. Notre évêque nous a annoncé depuis des mois des « orientations diocésaines » qu’il nous présentera solennellement le 4 février prochain. « Elles n’auront qu’un seul objectif : annoncer (la) bonne nouvelle, (le) kérygme, de manière renouvelée. Il s’agit d’accueillir les défis nouveaux que nous lance notre société et qui nous obligent à revoir nos dispositifs missionnaires, tout en prenant en compte courageusement les pauvretés et les limites de notre Église qui nous provoquent à davantage de sobriété, d’inventivité de vie fraternelle et de simplicité ».
Je reprendrai à mon compte les quatre derniers mots utilisés par notre évêque pour vous adresser mes vœux personnels.
Consentir joyeusement à la sobriété. Consentir à évaluer ce qui fait nos forces mais aussi nos faiblesses : des assemblées dominicales fraternelles et accueillantes, mais aussi fragiles et vieillissantes ; des familles qui continuent de faire confiance à l’Église, malgré les dérives ou les abus inqualifiables de certains ; des bénévoles au service de leur paroisse avec générosité et compétence malgré la difficulté à trouver des successeurs ; des frères et sœurs qui cherchent, malgré les contraintes de leur vie, à se renouveler dans la foi, la prière, l’engagement missionnaire, le service… La sobriété n’étant cependant pas l’indigence : nous devons apprendre à porter sur la réalité actuelle un regard émerveillé par ce qu’il nous est encore possible de vivre, d’imaginer aussi, et par ce que des jeunes ou des adultes continuent de demander, de chercher auprès de la paroisse. Je constate que ce sont souvent des oeuvres modestes et des frères tout humbles qui portent le plus de fruit !
Rester inventifs ! En effet, il y a dans nos paroisses une générosité qui ne demande qu’à être encouragée. Elle m’émerveille quand je songe au chemin parcouru par les nombreuses équipes où l’on continue de partager l’Évangile, par l’équipe Alpha qui repart après le succès du premier parcours, par les chanteurs et musiciens dont le groupe se renouvelle peu à peu, par les initiatives que prennent les paroissiens pour continuer de faire vivre leur clocher et de soutenir les anciens. Et la liste pourrait s’allonger.
Vivre en frères et sœurs. Sachant que la paroisse n’est pas la juxtaposition de personnes plus ou moins imaginatives : nous devons plus que jamais chercher à avancer ensemble, à construire ensemble, conscients qu’il nous faudra parfois consentir à quelques concessions, à quelques renoncements. Cette exigence de la fraternité devra inspirer les décisions qui découleront des « orientations diocésaines » promulguées bientôt par notre évêque.
Rester simples. Il faut aujourd’hui plus que jamais, et dans un contexte de tensions sociales croissantes, que nous cultivions la simplicité entre nous, comme on peut le faire en famille où certes il y a des fonctions et des âges différents, mais où tous se sentent dépendants et solidaires, en particulier du plus petit. La vie paroissiale ne peut se développer et rayonner si nous ne cherchons pas à lutter de toutes nos forces contre les tentations du « toujours plus », du « paraître », du « et moi ? ». J’aime beaucoup à cet égard le psaume 130 : « Seigneur, je n’ai pas le cœur fier, ni le regard ambitieux. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse : comme un petit enfant contre sa mère ».
Bonne année 2024 !
Père Rémy CROCHU