Un nouvel évêque

Nous venons tous d’apprendre que nous avons un nouvel évêque. Monseigneur Laurent Percerou nous vient du diocèse de Moulins où il exerçait son ministère épiscopal depuis 7 ans.

Le moment est étrange. Nous ne le connaissons pas et lui ne nous connait pas. Mais depuis des mois, nous avons prié pour recevoir un pasteur « selon le cœur de Dieu ». Il était mystérieusement présent à nos esprits quand nous célébrions la messe sans pouvoir nommer, ni celui qui était parti, Monseigneur James, ni celui qui nous serait donné puisqu’il nous était inconnu. L’histoire de l’Église (mais cela vaudrait certainement dans d’autres cadres comme celui de la famille notamment) a souvent connu des périodes semblables. Je pense spécialement au début de l’Église où Paul, ayant fondé une Communauté ici, devait partir pour aller en faire naître une autre ailleurs, la laissant, un moment, orpheline.

Nous avons donc un nouvel évêque, « successeur des apôtres ». C’est sans doute l’occasion de se rappeler le sens de cette formule. Monseigneur Percerou ne succèdera pas tant à Jean-Paul James qu’aux apôtres. Du moins enracinera-t-il son ministère dans celui de ses Saints prédécesseurs que furent les 12, eux que Jésus institua comme les colonnes de son Église.

Nous devons nous rappeler sans cesse qu’une Église particulière, comme peut l’être notre Diocèse depuis 17 siècles, prend sens dans la Personne qui le rassemble : le Christ lui-même. La communauté que nous formons n’est certes pas incolore. Elle a son histoire propre, récente ou plus ancienne, plus ou moins agitée. Elle a ses valeureux saints, son riche patrimoine. Elle s’est constituée autour de pôles de vie chrétienne qui se sont développés et se sont multipliés, jusqu’à la constitution de paroisses couvrant le territoire. Elle est aujourd’hui multiple, traversée par de nombreux courants, de nombreuses « sensibilités », comme on dit. Mais le pasteur qui lui est donné et qui la préside lui rappelle sans cesse que ce qui la réunit pour en faire une famille de frères et de sœurs, c’est le Christ. Ce qui fait une communauté chrétienne n’est pas d’abord la personnalité plus ou moins charismatique de son évêque : « il est comme ci, il est comme ça ». C’est le Christ, et le Christ lui seul. Cela vaut, en transposant, pour les paroisses ou pour toute communauté (relire ici la 1ère lettre aux Corinthiens !).

J’aime beaucoup ce que Saint Paul dit à ce sujet : « Je plie le genou devant le père en qui toute paternité tire son nom » (Eph 3, 14).

Que devons-nous attendre de notre nouveau pasteur ? Je ne me risquerai pas à dire ici ce qu’il devrait faire ! Mais je sais pour le moins que sa tâche ne sera pas aisée. Le contexte des paroisses, en Loire-Atlantique, est celui de communautés qui vieillissent et d’un clergé qui semble fondre comme neige au soleil. J’avais osé quelques lignes sur le sujet du nouvel évêque, en février dernier. Mais la période du « confinement » est passée par là et a renforcé en moi deux convictions. Deux défis majeurs à relever :

1) Repenser les pôles eucharistiques de nos paroisses. Ces lieux où la communauté, fidèles et clercs, continueront de se rassembler dans le Christ ressuscité. Ces « pôles » vont probablement diminuer en nombre. On peut le déplorer. Mais c’est là que le second défi doit être relevé.

2) Le second défi sera en effet de trouver les chemins d’une vie communautaire de proximité. De petites fraternités missionnaires locales identifiables (à un lieu ou à un leader repère), dont on puisse dire, sans rougir : « voyez comme ils s’aiment ! » (Cf. Actes 4, 32). Notre désormais ancien évêque a beaucoup travaillé dans cette direction quand il encourageait les « équipes fraternelles de Foi ». La tâche reste inachevée. Elle n’est pas moins exaltante ! Prions pour lui. Prions pour ce beau diocèse qu’il conduira.

Père Rémy CROCHU

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